L'éditorial Cinquante nuances d’optimisme
C’est donc ce vendredi qu’Emmanuel Macron entame ses consultations auprès des chefs de partis et de groupes parlementaires, afin de nommer un ou une nouvelle Première ministre, sans doute dès la semaine prochaine. Il est plus que temps. En sept ans d’exercice sourcilleux du pouvoir, le chef de l’État, jaloux de ses prérogatives et autoproclamé « maître des horloges », s’est souvent distingué par sa propension à procrastiner… Et le voici en passe d’établir un nouveau record, six bonnes semaines après la démission du gouvernement Attal.
Le résultat de législatives qu’il a lui-même voulues le prive de majorité ? Qu’importe, le chef de l’État, qu’on ne savait pas adepte de la méthode Coué, prétend échapper à toute véritable cohabitation. Impuissant face aux ambitions croissantes de plusieurs anciens fidèles en vue de 2027, Emmanuel Macron refuse par ailleurs de l’admettre, mais le centre de gravité politique du pays s’est brusquement éloigné de lui au soir du 7 juillet.
À sa décharge, plusieurs forces d’opposition cèdent elles aussi au confort du déni, tout en multipliant les chicanes en coulisses. Passons sur l’outrance ridicule des Insoumis, persuadés seuls contre tous de pouvoir le faire destituer. Guère plus lucide - ou hypocrite -, le Nouveau front populaire (NFP) dans son ensemble, sans doute soucieux d’afficher une entente de façade, continue de défendre la candidature de Lucie Castets pour Matignon. Les faits sont pourtant têtus : l’espérance de vie de son éventuel gouvernement ne dépasserait pas quelques semaines… Les Républicains (LR) ? Divisés, atomisés en micro-écuries présidentielles, mais persuadés de demeurer faiseurs de roi. Du côté de l’extrême droite, enfin, la grande cheftaine du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen rentre de congés dans sa posture préférée : celle de l’attentisme gourmand. Ce faisant - et ce n’est pas une bonne nouvelle pour la démocratie française -, elle seule dispose ces jours-ci de véritables raisons d’être optimiste.