L'éditorial Entre handicap et paralysie
D’un côté, des tribunes pleines et enthousiastes, des médailles et des records qui pleuvent sous le soleil, des athlètes humbles et rayonnants. De l’autre, des institutions paralysées, un État handicapé, un gouvernement amputé de tout pouvoir, une démocratie diminuée et des acteurs qui multiplient les postures.
Les Jeux paralympiques prolongent le rêve éveillé des Jeux olympiques comme jamais, avec une curiosité, une ferveur et une réussite populaires, partagées et inédites. Le blocage politique issu de la dissolution de l’Assemblée nationale se prolonge comme un nouveau cauchemar institutionnel. S’il y a là aussi du suspense - relativement soutenable, tout de même, aussi irritant soit-il - difficile de trouver un public heureux de cette situation immobile, cataleptique, sclérosée.
L’impuissance n’est pas là où on pourrait le croire. Il y a ceux qui, en magnifiques champions, dépassent les limites de leur corps ou de leur esprit, se subliment dans l’effort et montrent au monde entier les vertus du travail et de la volonté. Ces sportifs atteints de handicaps forcent le respect du monde entier et méritent la lumière flamboyante que leur offrent ces Jeux.
Et il y a ceux, de gauche comme de droite, qui se complaisent dans l’immobilisme, évitent de sortir de leur zone de confort, aussi inconfortable soit-elle pour le pays. Un président qui s’est amputé lui-même d’une majorité et qui refuse d’en tirer les conclusions, des oppositions divisées qui refusent le moindre effort, un paysage politique en déni de handicap.
On ne demande pas aux gouvernants, actuels ou futurs, de nous ramener les belles médailles de nos sportifs handicapés, ni de nous faire vibrer comme eux en surmontant leurs difficultés. Mais simplement d’accepter leur situation complexe et de tout mettre en œuvre pour la dépasser. D’une certaine façon, en politique aussi, l’important est de participer.