Désinfox Est-il vrai que la France se réchauffe « 20 % plus vite » que le reste du monde ?
Elle était l’invitée de la matinale de France Inter jeudi face à Léa Salamé. Évoquant la sécheresse, la présidente et fondatrice de la société Mayane, l’experte en hydrologie Emma Haziza, a affirmé : « Nous sommes le pays qui se réchauffe le plus rapidement dans le monde, 20 % plus vite que le reste du monde ».
L’Arctique est le plus touché par le réchauffement
En réalité ce n’est pas le cas, du moins pas en ces termes. Il y a bien sur Terre des régions qui se réchauffent plus rapidement que d’autres, mais il s’agit surtout des régions polaires, en particulier l’Arctique. Ainsi, le nord du Groenland, l’Islande, le Canada voient leur température moyenne augmenter plus vite que d’autres secteurs, comme le rappelle le tout dernier rapport de l’Organisation mondiale pour le climat, publié mardi (page 13).
Pour autant, la France subit un réchauffement supérieur à la moyenne mondiale, selon le ministère de la Transition écologique : « Sur les continents et en particulier en Europe, le réchauffement constaté est plus important que la moyenne mondiale. En France métropolitaine, le réchauffement est environ 50 % plus élevé », indique-t-il dans son dernier rapport sur le sujet. Soit « 1,7 °C par rapport à l’ère préindustrielle » entre 2011 et 2020, contre « 1,1 °C au niveau mondial, par rapport à l‘ère préindustrielle ».
Quant au continent européen, il se réchauffe depuis les années 1980 « au rythme moyen de 0,5 °C par décennie », selon le Giec, soit plus du double du réchauffement mondial. C’est « ce continent qui se réchauffe le plus vite », affirmait déjà l’Organisation mondiale pour le climat en 2022. Avec une précision : tous ces chiffres tiennent compte du réchauffement des océans, moins rapide que celui des terres… en dépit des records enregistrés actuellement. Sans les océans, le réchauffement mondial s’élève déjà à +1,6 °C.
En résumé : les terres se réchauffent plus vite que les eaux, parmi les continents l’Europe se réchauffe nettement plus vite que le reste du monde, mais la France un petit peu moins vite que la moyenne européenne.
Vers un réchauffement 30 % plus fort en France à l’avenir
Mais pourquoi de telles différences ? D’abord en raison des régions situées en Europe au nord du cercle polaire arctique, qui en Scandinavie notamment subissent un réchauffement rapide. En cause, des glaces qui en disparaissant ne renvoient plus les rayons du soleil.
En parallèle, dans le sud du continent, la sécheresse qui persiste comme en Espagne, par exemple, réduit le phénomène d’évaporation qui contribue à tempérer l’air. Or, « depuis 2017, on a une bascule, une augmentation des températures » et une raréfaction des épisodes océaniques qui tempèrent le climat, argumente d’ailleurs Emma Haziza sur France Inter. Selon les dernières projections établies par Copernicus, Météo-France et le CNRS, la France devrait connaître un réchauffement supérieur de 30 % environ à celui du reste du monde : +2 °C contre 1,5 d’ici à 2030, et +4 °C contre 3 d’ici à 2100.