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Désinfox État des routes : la France a-t-elle vraiment chuté de 17 places dans le classement mondial?

Une portion de l'autoroute A13 est fermée depuis jeudi pour cause d'affaissement. Le président de la commission « mobilités » de l'Assemblée des départements assure que la France est passée de la première à la 18e place mondiale pour l'état de ses routes.

J. C. avec AFP - 23 avr. 2024 à 06:46 - Temps de lecture :
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Un embranchement de l'autoroute A13, fermé à la circulation depuis jeudi pour cause d'un « mouvement de terrain ». Photo Sipa/Isa Harsin

Un embranchement de l'autoroute A13, fermé à la circulation depuis jeudi pour cause d'un « mouvement de terrain ». Photo Sipa/Isa Harsin

Un affaissement de la chaussée et une fissure atteignant 80 cm de profondeur ont entraîné la fermeture de l'autoroute A13, à l'ouest de Paris, depuis jeudi soir « pour raisons de sécurité » après « un mouvement de terrain », selon la préfecture.

La portion concernée de cette voie reliant la Normandie à Paris est celle située entre l'autoroute A86 et le boulevard périphérique parisien.

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Plus d'un million de kilomètres de routes 

Depuis, beaucoup s'indignent de l'état des routes françaises. Comme le président du département de l'Essonne, François Durovray, également président de la commission « mobilités » de l'Assemblée des départements de France : « La France a un réseau routier remarquable d'un million de kilomètres et qui était reconnu pour sa qualité, on était sur la première place du podium. En quelques années nous sommes descendus à la 18e place », a-t-il déclaré sur RMC.

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Il dénonce le désengagement de l'Etat dans ce domaine, qui pèse surtout sur les communes (705 000 km de voies) et les départements (378 900 km) : l'Etat lui-même ne gère que 20 910 km de routes en France - dont 9 310 concédées aux sociétés d'autoroutes.

« Près de 20 % des routes françaises sont en mauvais état », abonde l'élu, réclamant plus de moyens de l'Etat.

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Les « petites routes » en mauvais état

Les chiffres de l'élu francilien sont bien réels : il fait référence au classement du World Economic Forum (le Forum économique mondial - célèbre pour son sommet annuel de Davos). En matière de « qualité des infrastructures routières », la France était à la première place mondiale en 2012. Elle s'est progressivement fait distancer... pour atteindre, en 2019, la 18e place. Bien loin du podium constitué par Singapour, les Pays-Bas et le Suisse. A noter que ce classement est réalisé à partir d'une note calculée après des enquêtes réalisées auprès des habitants de chaque pays.

Même subjectives, ces appréciations semblent correspondre à la réalité : le dernier rapport de l'Observatoire national de la route (2023) constate que 18,8 % du réseau national et 10 % des routes gérées par les départements et les communes sont « en mauvais état ».

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Une situation qui se dégrade depuis le début des années 2010, selon ce rapport. Seul le réseau autoroutier concédé - et payant - apparaît en meilleur état que la moyenne.

« Sous-investissement » et flambée des coûts

En cause : une dépense relativement stable, mais des coûts qui se sont envolés de plus de 50 % - avec notamment la flambée du pétrole, utilisé dans la production d'enrobés. Autrement dit, on a continué à payer autant pour un résultat moindre. L'augmentation du trafic, du poids des véhicules, et les épisodes météorologiques extrêmes (gel, précipitations intenses, canicules...) accentuent ou accélèrent aussi la dégradation du réseau.

Le « sous-investissement », constaté dès 2018 par un audit remis au ministère de la Transition écologique, s'est révélé « insuffisant pour enrayer une dégradation de l'ensemble du réseau ». Sur le réseau national non concédé (1,2 % du réseau mais près de 20 % du trafic), moins de la moitié (47 %) était jugé « en bon état ». Et 2 040 km (17 %) « gravement endommagés ».

Mieux vaut prévenir que guérir

La Cour des comptes nuance toutefois : malgré un « un défaut de stratégie nationale » par le passé, elle observe que « les investissements sont repartis à la hausse » et que les routes ont « cessé de se dégrader ces dernières années ». Reste à rattraper le retard pris, tout en entretenant le réseau pas encore dégradé, sur fond d'économies annoncées... Mais toutes les études le rappellent : il est toujours « beaucoup plus économique de procéder à un entretien régulier que d’attendre l’apparition de désordre pour intervenir » - de l'ordre du simple au double, voire au triple selon le type d'ouvrages (ponts, tunnels...).