Édito L’industrie, belle vitrine
« Tu ne connais pas, mais t’imagines, c’est vraiment magnifique une usine, c’est plein de couleurs et plein de cris, c’est plein d’étincelles, surtout la nuit… » En 1976, Bernard Lavilliers, avec sa chanson Fensch Valley , n’invente pas le tourisme industriel, mais joue du contraste entre la dure condition ouvrière et la légèreté bourgeoise qui vient s’encanailler dans les sites miniers lorrains.
Depuis, le tourisme industriel est devenu un axe de développement des territoires et de communication des entreprises. Et, pour les visiteurs, il ne s’agit généralement pas de la curiosité de classe moquée par le chanteur stéphanois, mais de la découverte du dessous des cartes. Car, aujourd’hui, les produits transformés sont livrés en magasin sous une forme tellement aboutie qu’on en oublie qu’ils ont été fabriqués, qu’ils sont le résultat d’un labeur et d’une technologie savamment cachés, mais bien réels.
Ainsi, le petit bretzel (fabriqué à Gundershoffen, par exemple) qu’on grignote à l’apéro comme la voiture qui nous amène à la guinguette estivale où on va le déguster sont le fruit du travail de centaines de personnes. Un savoir-faire, des traditions, des performances qui méritent largement d’être connus et reconnus. Pas seulement dans un esprit de communication, de publicité, mais aussi de partage de valeurs, d’une culture qui, pour être industrielle, n’en est pas moins humaine et réelle.
L’industrie n’a rien d’une diablerie sans âme et l’économie n’est pas désincarnée. Même si leur moteur principal reste plus souvent le profit que le bien-être des employés, voire des visiteurs, ce travail de transparence est aussi un élément de cohésion sociale, rapprochant, en confiance, producteurs et consommateurs.
Reste à imaginer un « tourisme politique » qui permettrait de la même façon aux citoyens de mieux comprendre les politiques. Et vice-versa.