Consommation L'UFC-Que Choisir alerte sur le retour des sucreries aux caisses des supermarchés
En 2008, la grande distribution s’était engagée auprès de la ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, à ne plus disposer de confiseries aux caisses de leurs magasins, en particulier pour lutter contre l’obésité infantile. Exit donc les bonbons et place aux chewing-gums sans sucre. Une mesure volontaire pour éviter toute contrainte réglementaire. Mais plus de 15 ans après, force est de constater que les enseignes semblent avoir oublié leurs promesses.
Dans une enquête (*) parue ce mardi, l’UFC-Que Choisir dévoile en effet que les sucreries sont à nouveau présentes aux caisses de 86 % des magasins visités par les bénévoles de l’association de consommateurs en mai dernier. Carrefour, Leclerc, Lidl, Intermarché, Système U… toutes les grandes enseignes sont concernées.
Le « ciblage inadmissible » des enfants
Les Tic-Tac, Mentos, M&M’s et Twix font partie des produits sucrés qui ont le plus fait leur retour aux caisses. Mais ce qui inquiète le plus l’UFC-Que Choisir est la présence dans plus d’un magasin sur deux de confiseries spécialement destinées aux enfants sur les présentoirs des caisses, augmentant ainsi le nombre d’achats non programmés de ces produits. Parmi eux, on retrouve massivement les fameux Kinder en tous genres (dans 40 % des magasins), ou encore les bonbons Haribo (15 %) et les chewing-gums Hubba-Bubba (15 %). Un « ciblage inadmissible », pour l’association de consommateurs.
Olivier Andrault, chargé de mission agriculture-alimentation à l’UFC-Que Choisir, s’offusque de ce revirement de la part de la grande distribution : « Ces produits sont une tentation permanente à un endroit de passage obligé, où on attend un certain temps avec ses enfants. C’est parfois difficile de résister. C’est un problème lorsqu’on sait que 18 % des enfants sont en situation de surpoids ou d’obésité, ce dont il est difficile de se débarrasser plus tard. C’est aussi un facteur de risque supplémentaire pour des maladies cardiovasculaires et les cancers. »
Des interdictions réclamées
Pour l’UFC-Que Choisir, les marques et les enseignes sont conjointement responsables. « Ce sont des produits qui, s’ils n’étaient proposés qu’en rayons, seraient moins vendus car les parents peuvent s’arranger pour éviter les rayons sucreries. Mais ils sont obligés de passer par la caisse. Donc ça augmente le chiffre d’affaires des magasins et ça permet aux marques de vendre des produits pas nécessaires, qui ne seraient pas vendus autrement », fustige Olivier Andrault.
Mascottes, présentoirs attrayants, têtes de gondoles, promotions… L’association de consommateurs en profite également pour dénoncer les multiples opérations marketing de produits trop sucrés visant directement les enfants dont elle a croisé la route durant son enquête. Par souci de santé publique, l’UFC-Que Choisir réclame ainsi l’interdiction des actions marketing pour les produits alimentaires de Nutri-Score D et E ciblant les enfants, et demande à la grande distribution de tenir ses engagements en retirant « sans délai » les confiseries des sorties de caisse. Des recommandations également portées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Agence nationale de sécurité des aliments.
(*) Enquête réalisée dans 625 magasins des grandes enseignes de la distribution du 18 au 26 mai 2024, par les bénévoles de 76 associations locales de l’UFC-Que Choisir.