Édito Le président tourne en rond

Isabelle Bollène - 24 août 2024 à 06:00 - Temps de lecture :
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Isabelle Bollène. Photo Vincent Voegtlin

Isabelle Bollène. Photo Vincent Voegtlin

La grande consultation des partis menée hier par Emmanuel Macron a-t-elle servi à quelque chose ? On peut en douter tant les positions semblent figées. On sait que le président ne veut à aucun prix d’un gouvernement NFP - surtout s’il comprend des ministres insoumis- et qu’il ne croit pas Lucie Castets capable de constituer une équipe qui ne serait pas immédiatement censurée. Soit, mais pourquoi ne laisse-t-il pas la candidate désignée par le NFP pour Matignon tenter sa chance ? Si son gouvernement chute, le président aura d’une part montré qu’il avait raison, et d’autre part respecté la logique démocratique, qui veut que la coalition politique arrivée en tête lors des législatives se voie confier le soin de former un gouvernement. La voie serait alors libre pour un Premier ministre plus central, ou plus technique, qui tenterait de réunir cet « arc républicain », des écologistes au LR, dont le président rêve.

Mais en l’état actuel des choses, Emmanuel Macron donne l’impression avec ses consultations, qui pourraient se prolonger encore, de refuser le choix des électeurs et de tourner en rond pour tenter de gagner du temps.

Mais pour faire quoi ? Les forces politiques ont d’ores et déjà fait connaître leurs positions. Les rapports de force sont ce qu’ils sont, et la situation n’évoluera sans doute que par tâtonnements, par des essais successifs de coalition jusqu’à trouver celle qui sera finalement viable.

Sous l’œil goguenard d’un RN qui, à défaut de faire partie de cette coalition, tiendrait peut-être son sort entre ses mains. Le président a fini par reconnaître, mezza voce, que les Français avaient émis une volonté d’alternance. À lui d’en tenir compte -quoi qu’il lui en coûte…, en consentant à ce que le futur Premier ministre ne soit pas quelqu’un de son camp, message que Gabriel Attal a porté à son tour. Le président devra aussi accepter de s’effacer derrière le Parlement, mettant ainsi par la même occasion les forces politiques devant leurs responsabilités. L’immobilisme n’est plus tenable : les défis à venir sont trop grands.