Jeux Paralympiques 2024 « Une consécration » : le Stade de France a commencé à rugir pour le para-athlétisme

La première session du para-athlétisme s’est terminée vendredi en début d’après-midi, sous le regard de plus de 40 000 spectateurs. Une ambiance impressionnante pour les athlètes français, qui ont fait leurs premiers pas sur la piste violette du Stade de France.

Arthur Sautrel, à Paris - 30 août 2024 à 19:00 | mis à jour le 30 août 2024 à 19:39 - Temps de lecture :
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Valentin Bertrand termine dernier des séries du 100 mètres, mais a pu s'acclimater avec le Stade de France. Photo Sipa/Ulrik Pedersen
Valentin Bertrand termine dernier des séries du 100 mètres, mais a pu s'acclimater avec le Stade de France. Photo Sipa/Ulrik Pedersen

Valentin Bertrand est arrivé encore chamboulé en zone mixte après sa série du 100 mètres (T37). L’athlète a été acclamé par la foule du Stade de France, pour la première des 18 sessions du para-athlétisme des Jeux de Paris. Si l’enceinte dionysienne n’a pas fait le plein, avec 44 000 billets vendus sur les 65 000 places disponibles, une telle affluence est inédite en France pour le handisport. L’an dernier, les championnats de France de para-athlétisme avaient accueilli au maximum 5 000 personnes par demi-journée au stade Charlety.

Vendredi matin, Valentin Bertrand n’a pas pu masquer son sourire et ses yeux brillants au moment où le speaker de l’enceinte dionysienne a annoncé son nom, surpris par un rugissement soudain. « C’était incroyable, raconte le coureur hémiplégique (paralysé à 50 % de la jambe et du bras droits). Quand on est en handisport, il n’y a parfois que la famille et les amis qui viennent nous voir et cette fois-là, il n’y avait pas qu’eux. On n’est pas programmé pour courir au Stade de France, la cathédrale du sport français. C’est une consécration de courir ici. On reçoit tellement d'amour et d'encouragements alors qu'on est des inconnus au bataillon… »

Le natif de Neuilly-sur-Seine n’est pas un spécialiste du sprint, lui qui a de plus grandes ambitions sur l’épreuve du saut en longueur, mardi. « L'objectif était de se mettre en jambes aujourd’hui, rembobine le médaillé de bronze à la longueur des Mondiaux de para-athlétisme 2023. Le staff m'a permis de faire le 100 m, en me disant “vas-y, va voir l'ambiance, ce que c'est un stade de France rempli”. Ça fait tellement plaisir de voir ça, une France qui aime, qui donne, sans recevoir. C'est beau. »

L'ambiance « a fait peur » à Delya Boulaghlem

Malgré la pluie, le public a répondu présent pour encourager les sprinteurs, les demi-fondeurs ou les lanceuses du disque. La foule a dû se contenir par moments pour permettre aux sauteuses en longueur déficientes visuelles d’entendre la voix de leur guide. Delya Boulaghlem, 5e de l’épreuve avec un saut à 4,48 m, a été impressionnée par l’engouement : « Je n’ai jamais fait une compétition dans une telle atmosphère. Ça m’a fait peur en sortant de la chambre d’appel, quand j’ai entendu le bruit. Mais ensuite, ça a été hyper bénéfique, ça m’a porté. » Dans cette catégorie (T11), la communication avec l’assistant est essentielle. « J’ai l’avantage d’avoir une voix qui porte et j’ai eu l’impression que le silence était un peu plus respecté pour nous », sourit Thomas Verro, l'entraîneur et assistant de la Grenobloise licenciée à Lyon.

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Les speakers ont régulièrement rappelé la règle du silence avant les prises d’élan, avec pédagogie. Pour beaucoup de spectateurs, l’ouverture des Jeux paralympiques au Stade de France était une première expérience dans le monde handisport. « On ne s’attendait pas à une telle ambiance, souligne Jennifer, venue de l’Essonne en compagnie de sa fille Thémis. On ne fait pas de différence avec les athlètes valides. »

L'effet « engouement » des Jeux olympiques

La mère de famille s’est décidée à prendre des places après avoir suivi les Jeux olympiques à la télévision. « Avant que les Jeux ne commencent, je ne voyais que les mauvais côtés. Les quinze jours d’effervescence ont tout changé. J’avais tellement envie de participer à cette fête, qu’on ne verra qu’une fois dans une vie. C’était trop compliqué, trop cher, on s’y est pris trop tard. » Les Paralympiques font office de session de rattrapage, pour vivre l’expérience olympique. Les premières performances historiques sont tombées, comme le record du monde du Brésilien Agripino Dos Santos sur le 5 000 m T11, dès la première course.

Les premières séries du 5 000 mètres fauteuil ont eu lieu vendredi matin, sous la pluie. Photo Sipa/AP/Emilio Morenatti

Les premières séries du 5 000 mètres fauteuil ont eu lieu vendredi matin, sous la pluie. Photo Sipa/AP/Emilio Morenatti

Emmanuel, bénévole venu d’Avignon, retrouve « la même volonté du public de mettre l’ambiance », après avoir assisté aux Jeux début août. « Mais ce ne sont pas forcément les mêmes personnes, souligne-t-il. Aujourd’hui, c’est très familial et il y aussi beaucoup de membres de la famille paralympique, de personnes en situation de handicap venues assister aux épreuves. L’ambiance est festive et bienveillante, ce sont les mêmes codes qu’aux JO. »

Après son 100 mètres, Valentin Bertrand savourait cette réussite côté billetterie. « On a entendu beaucoup de choses, qu'on intéressait soit disant pas les gens, qu'il n'y avait qu'une sorte de Jeux olympiques, etc. Aujourd'hui, on prouve qu'en montrant de belles histoires comme les nôtres, les gens viennent. J'ai fini dernier de ma série et les spectateurs m'envoyaient encore de l'amour ! » Le coureur de 27 ans aura le droit à une nouvelle dose de bonheur mardi, au saut en longueur.