JO 2030 Les Alpes françaises vont-elles perdre les Jeux ?

En l’absence de la moindre garantie financière de l’État, la candidature française pour les JO d’hiver 2030 est fragilisée avant le vote final des membres du CIO à Paris le mercredi 24 juillet.

Stéphane Pulze - 18 juil. 2024 à 19:33 - Temps de lecture :
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Dans les stations comme Serre-Chevalier, 2030 est déjà là… Photo Le DL/Thibaut Durand

Dans les stations comme Serre-Chevalier, 2030 est déjà là… Photo Le DL/Thibaut Durand

Les Alpes françaises vont-elles laisser échapper l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 ? Il y a quelques semaines, cette question aurait été totalement incongrue. La Commission du futur hôte tressait des louanges à la candidature française après une visite enthousiasmante des sites fin avril. Christophe Dubi, le directeur exécutif des JO au CIO, évoquait à Nice, « un trésor à optimiser » et Karl Stoss, le président de la Commission louait l’esprit de corps français : « Vous êtes ensemble et ensemble vous allez réussir. » Il manquait certes la garantie signée de l’État en raison de palabres avec les deux Régions requérantes sur le cofinancement du budget d’organisation, mais cela n’empêchait pas la commission exécutive du CIO de recommander les Alpes françaises pour le vote final à Paris, le mercredi 24 juillet, leur accordant un délai pour présenter ce document.

Depuis, les élections européennes sont passées par là avec l’écrasante victoire du Rassemblement national. Le président Macron a décidé à la surprise générale de dissoudre l’Assemblée nationale et des législatives express ont donné une majorité très relative au Nouveau Front populaire, volant la victoire au RN qui s’y voyait déjà. Mais toujours pas de garantie du chef du gouvernement, condition suspensive clairement édictée par le CIO.

Ça coince entre Macron et Attal

Visiblement prudent sur ce dossier, Gabriel Attal, aujourd’hui démissionnaire mais toujours en poste à Matignon pour gérer les affaires courantes, ne semble pas disposé à signer un engagement financier aussi concernant, malgré la pression d'Emmanuel Macron qui lui, tient à honorer sa parole auprès de David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français et Thomas Bach, le président du CIO.

Sans cette précieuse lettre, quelle sera l’attitude de l’autorité du mouvement olympique qui doit officialiser le 24 juillet une double attribution, les Alpes françaises pour 2030 et Salt Lake City pour 2034 ?

En écartant dès novembre 2023 les candidatures suisse et suédoise, pour ne retenir que la France, le CIO n’a plus de plan B en réserve, si ce n’est d’avancer Salt Lake City de quatre ans, ce qui contrarierait fortement les sponsors avec deux éditions américaines coup sur coup, avec Los Angeles 2028.

« J’espère que l’absence de cette caution ne va pas tout remettre en cause »

Et les Régions dans tout ça ? Laurent Wauquiez, le bientôt ex-président de la Région AURA, semble accaparé par ses nouvelles fonctions à la tête du groupe « droite républicaine » à l’Assemblée, laissant Renaud Muselier, son homologue sudiste, seul devant ses inquiétudes. « J’espère que l’absence de cette caution ne va pas tout remettre en cause ,» nous avouait-il en milieu de semaine, redoutant qu’un futur gouvernement de gauche ne soit pas favorable à un tel projet.

Dans ce vaste imbroglio politique, la solution la plus probable semble être une attribution sous réserve de la part des membres du CIO. Une dérogation supplémentaire qui créerait un précédent. Et qui ne garantit pas que le futur Premier ministre français signe ce document tant attendu.

Pas sûr que le champagne coule à flots mercredi soir après la 142e session olympique…