Alsace Les nouveaux rêves d’avenir du PS strasbourgeois

Les socialistes strasbourgeois se disent confortés par les derniers résultats électoraux. Mais une élection, même deux, font-elles un printemps social-démocrate ?
O.C. - 01 sept. 2024 à 07:00 | mis à jour le 01 sept. 2024 à 08:33 - Temps de lecture :
 | 
Thierry Sother, seul député socialiste alsacien.  Photo JF Frey
Thierry Sother, seul député socialiste alsacien. Photo JF Frey

La liste Glucksmann à 18 % aux européennes le 9 juin, et moins d’un mois plus tard l’élection d’un député socialiste dans la troisième circonscription du Bas-Rhin (Strasbourg Schiltigheim). Il n’en faut pas plus au PS67 pour y voir le grand retour de la social-démocratie à Strasbourg.

Il faut dire que les socialistes, qui ont longtemps dirigé la ville, se retrouvent coincés depuis 2020 dans un groupe municipal d’opposition de cinq élus, n’avaient plus de députés depuis 2017, n’ont plus qu’une seule conseillère départementale et une conseillère régionale, et souffrent de divisions en interne. Alors la séquence électorale d’avant l’été a de quoi ragaillardir : « Il y a l’impact national du Nouveau Front populaire, explique Catherine Trautmann, et les militants, notamment LFI, qui ont joué le jeu de la campagne loyalement ». Et d’ajouter : « Mais cela signifie aussi qu’on n’est pas morts, il y a une base qui reste mobilisée et attachée à la social-démocratie, à des visages, à des élus. Ça change la donne ». « Il y a une forme de renouveau de la social-démocratie à Strasbourg », pense également Thierry Sother, le nouveau député et patron du PS67. « La social-démocratie représentée par le PS », précise-t-il.

Ce qui n’est absolument pas le point de vue du premier adjoint au maire de Strasbourg Syamak Agha Babaei, un ancien de l’aile gauche du PS aujourd’hui allié aux écologistes. « La social-démocratie, ça dépend de quoi on parle, lâche-t-il. Elle ne se réduit en tout cas pas au groupe PS que nous avons dans notre opposition ». Et de citer Génération.s ou Place Publique, représentés dans la majorité municipale. « Si la question est de savoir si Catherine Trautmann sort renforcée, je ne le pense pas. Elle a une présence à Strasbourg, elle a été maire, ministre, députée, mais je ne pense pas qu’elle représente une possibilité d’avenir pour Strasbourg ».

2026 en ligne de mire

« Nous sommes confortés dans notre travail, estime au contraire Catherine Trautmann, ça nous donne de l’élan, une surface politique plus importante, nous gardons une crédibilité et une place pour l’avenir qui a pris de la consistance ». L’avenir, ce sont notamment les élections municipales de 2026 : « 2026, cela dépendra de la façon dont nous allons optimiser ces résultats », dit-elle encore, en assurant qu’elle prendra toute sa part à la préparation de l’échéance.

Une partie des sociaux-démocrates strasbourgeois ont quitté le PS en 2017 pour rejoindre la Macronie, à l’image de l’ancien maire Roland Ries ou de l’actuel coprésident du groupe d’opposition centriste au conseil municipal, Nicolas Matt qui pourrait bien vouloir briguer la mairie. Pas question pour lui de quitter Renaissance, mais « participer depuis Renaissance à renforcer la social-démocratie, oui ça me parle ». La question des alliances sera en effet centrale en 2026.

Le député Thierry Sother en tout cas, joue sa petite musique un peu en marge de la ligne du NFP et de LFI. Lucie Castets proposée par le NFP ? « Le nom du locataire de Matignon importe peu tant que la feuille de route correspond au programme du NFP », dit-il. Il n’est pas davantage partisan d’une procédure de destitution ni de l’appel à manifester le 7 septembre. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si cet été a été créé un comité populaire de la circonscription, à l’initiative d’un militant CGT et d’Insoumis. Histoire de tenter de garder la dynamique collective qui a fait la victoire mais aussi de « garder des liens très étroits entre notre député élu et ses mandants ». Bref des sociaux-démocrates confortés peut-être, mais sous surveillance.

Au sommaire du dossier