Européennes 2024 Les rivaux de Manon Aubry sont-ils vraiment rémunérés par des « intérêts privés » ?

La tête de liste LFI a diffusé un visuel laissant entendre que tous ses concurrents à l’élection du 9 juin sont grassement rémunérés par des intérêts privés, contrairement à elle. Bien que la réalité soit plus complexe, la candidate assume.
Joël Carassio - 06 mai 2024 à 14:45 | mis à jour le 06 mai 2024 à 14:48 - Temps de lecture :
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Un quart des 705 députés européens percevraient des « rémunérations annexes », selon l’ONG Transparency international. Mais les montants et surtout leur nature sont très divers.  Photo Sipa /Philemon Henry
Un quart des 705 députés européens percevraient des « rémunérations annexes », selon l’ONG Transparency international. Mais les montants et surtout leur nature sont très divers.  Photo Sipa /Philemon Henry

Eurodéputée depuis 2019, présidente de son groupe au Parlement européen, la tête de liste (La France insoumise) Manon Aubry a diffusé vendredi un visuel polémique sur les réseaux sociaux.

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« Un quart des députés européens sont payés par des lobbys, des entreprises ou des gouvernements en plus de leur indemnité d’élu ! », écrit-elle. « À qui rendent-ils des comptes ? À leurs employeurs ou à leurs électeurs ? », interroge-t-elle. Un visuel accompagne ces quelques mots : on y voit quelques autres personnalités ou têtes de listes au scrutin du 9 juin, qui « s’en mettent plein les poches » indique le texte… alors que Manon Aubry est fièrement estampillée d’un « 0 €». Le message est clair : elle serait la seule - parmi ceux qu’elle présente - à ne pas dépendre d’« intérêts privés ». Elle souhaite « interdire ces rémunérations annexes », comme elle le propose dans une tribune publiée ce lundi dans Libération.

Réactions indignées

Son tweet a suscité des réactions indignées depuis sa publication vendredi. Motif principal : il amalgame des sources de revenus très diverses. La source - « Integritywatch.eu » - renvoie à un site de l’ONG de lutte contre la corruption Transparency international. Celle-ci assure un suivi du travail des lobbies enregistrés à Bruxelles mais aussi des revenus obligatoirement déclarés par les députés européens.Sur cette base, elle a établi de très larges fourchettes en extrapolant ces données. Depuis dimanche, l’ONG a remanié ses données, en indiquant les montant précis, à l’euro près - comme sur les déclarations des eurodéputés.

« Fake news »

Le secrétaire national du PS Olivier Faure a dénoncé une « fake news » digne des méthodes de Trump. Selon lui, « le texte [de Manon Aubry] qui accompagne [le visuel] est écrit pour induire le soupçon ». Il rappelle que les « revenus » déclarés par Raphaël Glucksmann correspondent aux droits d’auteur qu’il perçoit - comme le confirme son éditeur, Allary Éditions. La tête de liste PS/Place Publique a écrit sept livres, dont cinq publiés depuis 2015 avec le même éditeur.

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Raphaël Glucksmann n’a pas souhaité « perdre de temps à commenter les fake news de LFI », selon son entourage à franceinfo.

Même chose côté LR : François-Xavier Bellamy assure n’avoir perçu que des droits d’auteur (36 328 euros), pour neuf ouvrages depuis 2014, et ne compte pas réagir. Valérie Hayer (Renaissance) a, elle, été rémunérée en tant que conseillère départementale de la Mayenne jusqu’en 2021.

À l’inverse, selon sa déclaration, Manon Aubry n’exerce aucune activité rémunérée en parallèle de son mandat. Elle indique avoir perçu 2 547 euros mensuels bruts de l’ONG Oxfam et 1 284 euros de Sciences-Po Paris, mais avant son élection.

C’est l’autre problème soulevé par le message de Manon Aubry : les montants déclarés sont parfois anciens, sans rapport avec la situation actuelle des candidats. Valérie Hayer, par exemple, ne perçoit plus d’indemnités d’élue locale depuis plusieurs années - ni aucun autre revenu « annexe ».

« La transparence, ce n’est pas suffisant »

Enfin, il est reproché au visuel d’induire que ces revenus sont illégaux - ce qui n’est pas le cas, à condition d’être dûment déclarés.

« Oui c’est légal ! Ils ont tout à fait le droit de faire ça, mais j’estime qu’ils ne le devraient pas », assure Manon Aubry, que nous avons contactée. Elle assume - tout : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ! J’ai pointé un sujet véritable, qui est le fait qu’un quart des députés européens touche des rémunérations annexes. C’est colossal ! », assène-t-elle. « Bien sûr que toutes ces rémunérations ne se valent pas. Ce n’est pas mon problème » si des amalgames sont faits, précise-t-elle. « Ma demande c’est d’interdire les rémunérations de la part des lobbies, des entreprises privées ou des gouvernements étrangers. »

Faisant référence au scandale du Qatargate, elle estime avoir « posé le sujet » et « observe que ça fait bouger les lignes. À chacun de préciser de quels revenus il s’agit, si ça correspond à l’interdiction que je propose ou pas. […] La transparence c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Outre le temps que cela implique, je ne trouve pas normal que des élus soient payés en plus de leurs indemnités, suffisamment confortables », conclut-elle.