Désinfox Mpox (variole du singe) : sur les réseaux sociaux, une épidémie de fake news
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclenché mercredi son niveau d’alerte le plus élevé au plan international face à la résurgence des cas de mpox (anciennement connue sous le nom de « variole du singe ») sur le continent africain. La maladie, qui a fait au moins 548 morts depuis le début de l’année en République démocratique du Congo (RDC), pays le plus touché, est désormais considérée comme « une urgence de santé publique de portée internationale ». Quelques heures plus tard, un premier cas a été détecté en Europe, en Suède, puis ce vendredi, au Pakistan.
Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la sphère complotiste sur les réseaux sociaux, où des fausses informations sur le mpox se répandent depuis plusieurs jours.
Les vaccins Covid dans le viseur
Sur X, plusieurs comptes ont notamment relayé la publication d’un internaute contenant une photo de la composition du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca, qui utilise notamment un adénovirus de chimpanzé. « Donc leur variole du singe serait un ingrédient d’Astrazeneca », écrit ainsi sur X un compte complotiste, sous-entendant que ce vaccin pourrait provoquer le mpox.
Cette théorie complotiste était déjà apparue en 2022. Elle est totalement infondée comme nous vous l’expliquions dans cet article, l’adénovirus de chimpanzé étant totalement différent du virus provoquant le mpox et servant uniquement à transporter l’ADN du Covid-19 lors de la vaccination. Cet adénovirus est d’ailleurs utilisé dans d’autres vaccins.
Pas suffisamment de cas ?
Un graphique tiré de ‘‘Our World In Data’’ et relayé sur X fait également beaucoup réagir. Il indique que le nombre de cas détectés dans le monde ces dernières semaines est bien plus bas que celui de malades recensés au printemps 2022, lorsque l’OMS avait lancé sa première alerte concernant la variole du singe. « Que voyez-vous ? Est-ce vraiment une urgence mondiale ? Que se passe-t-il ? », se demande un utilisateur.
Ce graphique ne montre toutefois pas la réalité en Afrique, où les cas sont en augmentation. Par ailleurs, en raison d’un accès limité aux tests dans les zones rurales en Afrique de l’Ouest, « le nombre de cas confirmés est sous-estimé », indiquait l’OMS le 12 août dernier dans un point de situation.
Par ailleurs, le nombre de cas mondiaux n’a pas nécessairement besoin d’être supérieur à celui enregistré il y a deux ans pour que l’OMS juge utile de déclencher son alerte. « La recrudescence de variole simienne (mpox) en République démocratique du Congo (RDC) et dans un nombre croissant de pays d’Afrique constituait une urgence de santé publique de portée internationale », a estimé l’agence mercredi.
Intox autour d’un nouveau confinement
D’autres internautes assurent que les autorités, sanitaires et politiques, utiliseraient la maladie pour mettre en place un nouveau confinement de la population. « Montrer des malades avec des pustules est bien plus effrayant qu’une simple grippette comme le Covid ! L’impact visuel de la variole du singe est utilisé par des experts aux esprits tordus et diaboliques pour pousser la population à se soumettre au confinement et à la vaccination », déclare ainsi un compte complotiste très suivi.
Florian Philippot, fondateur des Patriotes et devenu l’une des figures de la sphère complotiste durant l’épidémie de Covid-19, s’est lui aussi fendu d’une vidéo sur le sujet. Il estime que l’OMS a lancé une alerte en plein été pour « deux raisons : relancer le traité mondial sur les pandémies » et « lancer son pass sanitaire mondial ».
Enfin, de nombreux internautes jugent que l’objectif des autorités est de faire peur pour aider les industries pharmaceutiques à écouler des vaccins qu’ils considèrent comme dangereux. Autant de théories qui avaient déjà prospéré durant le Covid-19 en surfant sur les peurs que suscite une pandémie.