En vidéo En apnée avec Sébastien Loeb à l'Anneau du Rhin

Un petit conseil, si un jour vous avez la chance - parce que oui, c’est une chance - de passer un moment au côté de Sébastien Loeb, nonuple champion du monde des rallyes, dans une voiture de course, ou dans n’importe quelle autre voiture d’ailleurs : évitez de prendre un dessert lors du déjeuner précédent. Mieux : évitez carrément de déjeuner, c’est plus sûr.

Car une fois lancé à la vitesse de la lumière - ou pas loin -, dans quelque chose qui ressemble à un mix entre une machine à laver munie de quatre roues et de plusieurs centaines de chevaux et le Silver Star d’Europa Park (pour ceux qui connaissent), il sera trop tard. 

Et ne comptez pas pouvoir ouvrir un peu la fenêtre pour embarquer un peu d’air frais ou demander au pilote de faire une petite pause sur le bord de la route le temps de reprendre votre respiration.

« Respirer », voilà l’unique clé ! On aurait peut-être dû y penser plus tôt.

En apnée à subir le poids de chaque accélération

Car une fois collé dans son siège, à subir le poids de chaque accélération, la tête ballotée de gauche à droite dans chaque virage (la présence du casque prend soudain tout son sens) avec la désagréable impression de finir dans le pare-brise à chaque freinage, retenu uniquement par un harnais salvateur (qui prend lui aussi tout son sens), le tout en essayant de tenir tant bien que mal une caméra pour filmer cette expérience hors du commun, cela devient compliqué.

C’est donc en apnée que nous avons effectué quelques tours de pistes au côté du plus grand pilote de rallye de tous les temps. ce jeudi sur l’Anneau du Rhin à Biltzheim.

Quand cette expérience peu commune nous a été proposée dans le cadre d’une journée de promotion d’un événement organisé le 28 septembre prochain pour célébrer en grande pompe le 50e anniversaire du pilote alsacien, il ne nous a guère fallu plus de trois secondes pour y répondre favorablement, emballé à l’idée de pouvoir vous faire partager ce moment inédit.

Mais il faut bien reconnaître, une fois devant le fait accompli, et dans le baquet de la McLaren GT3 (avec laquelle le champion alsacien a participé au championnat du monde GT en 2013), on s’est dit l’espace d’un instant que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle.

Mais, combinaison sur le dos, casque sur la tête et jambes en coton, il était trop tard pour faire marche arrière (existe-t-elle seulement sur ce genre de voiture ?)

Pour se rassurer, on se dit que le pilote, parfaitement détendu et souriant, est quand même neuf fois champion du monde des rallyes et que ses sorties de route durant son immense carrière se comptent sur les doigts d’une main.

Tour de manège géant à plus de 200 km/h

Il n’en reste pas moins que le sourire est un peu crispé au moment où la portière se referme sur nous. Un rapide check-radio, une vague tentative de plaisanterie qui se perd dans le bruit du moteur et… c’est parti.

Avant même que notre cerveau ait le temps d’intégrer le fait que nous roulons déjà à une vitesse encore inconnue pour lui, nous voilà embarqués dans un tour de manège géant à plus de 200 km/h. 

En apnée, le corps tendu comme celui d’un athlète en plein effort, les paysages défilent devant nous à une vitesse très étrange. Les voitures que nous dépassons semblent à l’arrêt. Si on ferme les yeux - ce qui n’est pas recommandé dans ce genre de situation - on se croit dans un avion proche du décollage. Avec, dans chaque virage, l’impression de s’envoler pour toujours. Vertigineux, tout simplement.

Dans le siège d’à côté, Seb est calme, serein, en balade. Son pilotage est fluide et d’une précision chirurgicale, comme à son habitude. Il répond tranquillement aux questions que l’on tente tant bien que mal de formuler entre deux virages.

Cinq minutes qui durent une éternité

Un tour, puis deux, puis trois. On se surprend à se détendre un peu et, avouons-le, à savourer le moment. On se prend l’espace d’un moment à jouer les Daniel Elena, son fidèle copilote pendant tant d’années, jusqu’au virage en épingle suivant qui nous ramène brusquement à la réalité : il est tout simplement impossible de lire des notes - ou quoi que ce soit d’autre - dans cette situation.

« Le circuit, c’est quand même plus calme que le rallye », assure le pilote. Ouf, nous voilà rassurés.

Mais il est déjà temps de regagner la voie des stands. En vie ! Et de - tenter de - s’extirper de la voiture, chancelant et un peu désorienté, le corps et la tête encore secoués.

L’expérience a duré moins de cinq minutes et quatre tours, mais elle a paru une éternité tant le moment était intense.

Le temps de recouvrer un peu nos esprits, on se dit qu’on a vécu quand même vécu une expérience unique. Et le pire, il faut bien l’avouer, c’est qu’on a aimé. Et qu’on a même qu’une seule envie : y retourner.