L'édito Question de responsabilité
Alors, qui, pour succéder à Gabriel Attal ? Xavier Bertrand, pour son profil de « gaulliste social » ? L’ancien négociateur européen du Brexit, Michel Barnier ? Le centriste vibrionnant Jean-Louis Borloo ? Le social-démocrate Bernard Cazeneuve, déjà titulaire du poste sous François Hollande ? Une autre personnalité encore ?
Trêve de « name-dropping » matignonesque : non seulement la « parenthèse enchantée » des J.O. est bien finie, mais un autre entre-deux, moins ludique et plus préoccupant, se rappelle à notre bon souvenir - n’en déplaise à Emmanuel Macron, qui n’a toujours pas envie « que la vie reprenne ses droits ». En décidant début juin de dissoudre l’Assemblée nationale, le chef de l’État escomptait la survenue d’une « clarification » politique. Échec complet : si le camp présidentiel a perdu les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet derniers, aucun autre bloc ne peut revendiquer la victoire, en tout cas à lui seul. Dès lors, qu’on le veuille ou non, seule une large coalition transpartisane émancipée des extrêmes peut s’avérer suffisamment stable. Dans un pays aussi peu habitué au compromis que la France, cela peut paraître une gageure… Mais la persistance du blocage actuel serait bien plus délétère encore.
Dans ce contexte incertain, Gabriel Attal vient d’officialiser plusieurs « lettres plafonds » budgétaires potentiellement lourdes de conséquences. De la part d’un Premier ministre démissionnaire, l’entorse démocratique est patente, mais elle s’explique au vu du calendrier : sauf à ouvrir le risque d’un budget présenté hors délai - chose inédite sous la Ve épublique -, l’exécutif se doit de déposer son Projet de loi de finances 2025 à l’Assemblée nationale le 1er octobre prochain - d’où l’urgence croissante à la formation d’un nouveau gouvernement. Mission impossible ? À gauche, au centre ou à droite, il suffit pourtant que les principaux responsables politiques du pays - responsables, au sens premier du terme - renoncent provisoirement aux noms d’oiseaux, aux petits jeux politiciens et aux stériles querelles de noms. Est-ce trop demander ?