L'édito Soyons tous des juifs français
La paisible cité balnéaire de la Grande-Motte a l’habitude de n’être troublée que par le raffut des fêtards. Hier, c’est le fracas du monde et la violence de notre société qui se sont invités chez elle, à l’occasion d’un attentat contre une synagogue dont les conséquences auraient pu être tragiques. Un acte qui montre, s’il fallait le prouver encore, que l’antisémitisme n’est pas « résiduel » dans notre pays, contrairement à ce qu’assurait Jean-Luc Mélenchon. 887 actes antisémites ont été constatés dans notre pays en 2024, quasiment le triple par rapport à 2023.
L’antisémitisme est comme ces feux que l’on croit éteints depuis longtemps mais qui continuent à couver sournoisement dans les tourbières. Une étincelle, et l’incendie flambe à nouveau. L’étincelle, en l’occurrence, ce fut la guerre à Gaza. Si la volonté de défendre la cause palestinienne est parfaitement légitime, on peut toutefois se demander en quoi le fait d’incendier une synagogue ou de cracher sur une personne juive peut aider les Gazaouis. C’est même l’inverse : les auteurs de ces actes jettent le discrédit sur la cause qu’ils prétendent défendre. Mais cette dernière n’est pour eux qu’un prétexte. Les racines de la haine sont ailleurs : dans l’intolérance qui monte, dans un repli communautaire, voire identitaire, qui exclut l’autre, celui qui ne pense pas comme nous, qui ne prie pas comme nous.
Jadis marqueur de l’extrême droite, l’antisémite est insidieusement passé à l’extrême gauche, au nom sans doute de la défense des musulmans laissés-pour-compte en France. Là encore, on ne voit pas le rapport, si ce n’est dans un honteux électoralisme. Face à cette percée de l’antisémitisme, il faut cesser de se voiler la face. La condamnation unanime des partis est un minimum mais ne suffit pas. Tous doivent être clairs dans leurs paroles comme dans leurs idées. Et chacun d’entre nous doit avoir en tête cette idée simple : rien, jamais, ne peut justifier qu’on s’en prenne à quelqu’un non pour ce qu’il fait mais pour ce qu’il est. Aussi, aujourd’hui, soyons tous des juifs Français.