Édito Un grand truc en plus
Peu nombreux sont ceux qui ont cru au succès du premier film du comédien Artus, Un p’tit truc en plus. Un succès pourtant impressionnant : la barre des dix millions de spectateurs a été dépassée, le jour même de l’anniversaire du réalisateur, un seuil qu’aucun film français n’avait franchi depuis dix ans.
David contre Goliath, le Petit Poucet contre l’ogre : les histoires de faibles qui gagnent contre plus forts qu’eux ont toujours eu du succès. Et le film français de la décennie avait tout pour jouer dans la catégorie poids légers, avec des acteurs amateurs en situation de handicap mental qui rebutaient les producteurs et que les géants de la mode refusaient d’habiller pour la montée des marches au Festival de Cannes.
Pour un film de niche, le « Petit truc » s’en est plutôt bien sorti, devenant en moins de quatre mois l’un des plus gros succès du cinéma français de tous les temps, entre Les bronzés 3 et Le dîner de cons. Une comédie de plus au palmarès tricolore, mais marquée par la bienveillance, la tolérance, l’inclusion.
Autant de valeurs qui n’ont donc pas disparu de France. Malgré les sentiments contraires portés par les réseaux sociaux, malgré la violence sociale et politique qui se fait régulièrement jour, malgré un contexte économique dégradé. Oui, les Français sont nombreux à accepter la différence, à faire preuve d’empathie, de bienveillance, d’ouverture aux autres.
Et oui, les Français sont aussi nombreux à aimer rire. Non pas au détriment des plus faibles, mais avec eux. Et partager un bon moment de rigolade n’est-il pas une façon de faire société, pour dix millions de spectateurs ? Le succès de ce film est un phénomène social plus discret que les Jeux olympiques, mais participe de la même dynamique : offrir en partage des moments de plaisir en toute simplicité, sans prise de tête, et démontrer, une fois de plus, qu’ensemble on va plus loin. Pour cela aussi, merci à l’équipe qui nous a apporté ce grand truc en plus.